Nioh fait partie de ces jeux dont on commençait à redouter la parution tant son annonce fut lointaine. Presque aussi vieux que The Last Guardian, le titre de Koej Tecmo annoncé en 2004 nous laissait présager un jeu à la saveur de naphtaline : développement chaotique et sporadique pendant plusieurs années, d’abord pensé comme RPG, puis comme un beat’em all manquant cruellement d’atouts pour nous séduire ; bref, autant dire que le doute était entier jusqu’en 2015, où le développeur nous dévoila une belle BA de leur titre avec une esthétique plutôt convaincante. S’inspirant fortement de ce qu’avait pu faire les gros bras de Demon’s Souls, Team Ninja (notamment à la tête des Dead or Alive ou des Ninja Gaiden) a repris le projet en main lors de la fusion des studios entre Koej et Tecmo, et le jeu a ressuscité comme un phénix de ses cendres. Une grosse surprise pour ce début d’année 2017 et qui octroie à Sony une nouvelle exclusivité à en faire pâlir ses concurrents. On vous explique tout dans ce test.

 

Dans Nioh, le joueur incarne William Adams, personnage ayant réellement existé puisqu’il s’agit du premier soldat anglais à avoir traversé l’Océan Indien pour débarquer sur l’archipel Nippon au XVIIème siècle. Le fait est que l’idée de base marche plutôt bien puisque le scénario est porté par les références historiques mêlées à du surnaturel et du fantastique qui viennent agrémenter un scénario plutôt riche où s’entremêlent historicité par le contexte (la guerre, la crise politique japonaise) et par les figures de l’époque (rencontre avec Kuroda Kanbei ou Hattori Hanzo)  et les légendes surnaturelles qui sont ancrées dans le folklore du Japon historique (les Yokais, les démons japonais). La narration entrecoupée de cinématiques et de dialogues renforcent l’immersion et permet à notre personnage d’évoluer seul ou parfois avec certains PNJs venus lui prêter main forte pour rétablir la paix dans l’Orient asiatique.

 

Un Dark Souls like, vraiment ?

 

On aurait trop vite tendance à qualifier Nioh de « Dark Souls like ». Si certaines mécaniques en sont grandement inspirées, le titre est loin d’être une pâle copie de la licence de From Software. Depuis le crash-test de manettes opéré lors de la phase alpha du jeu, les développeurs de Team Ninja ont eu la main moins lourde sur la difficulté et ont davantage mis l’accent sur l’aspect technique. Certes, Nioh est un jeu particulièrement difficile et exigeant, demandant une approche prudente à chaque instant, mais il est bourré de petits suppléments, ajouts, ou suppressions qui font de celui-ci un jeu unique. L’influence de Hidataka Miyazaki est néanmoins bien imprégnée : les développeurs ont su la digérer et tailler leur jeu de manière à le faire briller comme un diamant sans avoir l’air d’être une contrefaçon. On vous déclinera tous ces points un peu plus bas.

 

En PLS (Pays du Levé de Soleil)

 

Hardcore, technique, exigeant, masochiste, les qualificatifs ne manquent pas pour décrire Nioh. Le game-design fortement inspiré de la saga des Souls vous indique dès les premières minutes du jeu que vous allez être confronté à un titre qui ne laissera pas de répit au joueur. Vous devrez apprendre à faire connaissance avec les maps semi-ouvertes dans lesquelles vous serez lâché, en tentant de vous frayer un chemin dans des environnements retords et jonchés de pièges, ponctués par instant de quelques raccourcis et sanctuaires faisant office de checkpoints salutaires. Les petites victoires à l’arrachée, même les moins nobles, viendront vous soulager des morts à répétition que vous accumulerez, et ressortirez fort d’un apprentissage personnel qui vous apprendra à mieux gérer les situations et les vagues d’ennemis redoutables qui guettent chaque recoin, attendant patiemment votre venue pour se délecter de votre cadavre.

 

La première différence notable avec la saga des Souls est celle du découpage des niveaux. Si Dark Souls est un parcours continuel vous laissant avancer de zones en zones sans réels hubs, ici, chaque niveau terminé vous ramènera à une carte du jeu où vous pourrez rejouer les missions déjà faites, accomplir des missions secondaires, et même, pour les plus fous, recommencer une mission principale dans un mode beaucoup plus ardu où les ennemis sont plus forts et résistants (mais dont les récompenses sont bien plus intéressantes). Egalement à noter que le loot très généreux prend son inspiration de la série des Diablo, qui permet de trouver rapidement un stuff à son pied et à sa façon de jouer, mais offrant également la possibilité de revendre ou démanteler tout ceci auprès d’un forgeron. Quant à l’aspect technique, il s’apparente davantage à un Ninja Gaiden où il s’agira de gérer sa jauge de Ki qui chute à chaque coup et dont l’épuisement total peut vous être fatal. Il faudra donc jongler entre coups et esquive, tout en gardant perpétuellement un œil sur cette jauge de réserve. C’est bien ce dernier aspect qui contraste avec la licence de From Software : la technicité. Foncièrement, Nioh n’est pas difficile : il est exigeant et demandera de vous une grande précision si vous ne voulez pas vous retrouver dans les limbes de la mort. En soi, le jeu est beaucoup plus accessible qu’un Dark Souls où la difficulté est beaucoup plus artificielle et demandera plus de chances et de buffs puissants que d’une réelle approche technique.

 

Un Gameplay bien plus sophistiqué que les Souls

 

Autre constat : le gameplay du jeu est bien plus dynamique que l’accoutumé Dark Souls. Vous avez d’abord accès à un panel bien plus élargi d’armes, allant au nombre de huit armes, chacune ayant ses avantages et ses inconvénients (à vous de choisir le meilleur combo pour pallier les défauts de chacune). William ne pouvant s’équiper que deux armes de corps-à-corps et deux armes à distance, il conviendra de faire un choix. Ainsi, vous retrouvez l’incontournable Katana (étant le meilleur consensus entre vitesse, dégâts et stabilité), les doubles lames qui sont rapides pour pallier la portée assez réduite, les haches qui prodiguent des dégâts très puissants au détriment d’une jauge de Ki s’épuisant très rapidement ; la lance qui compense votre vulnérabilité au corps-à-corps par une allonge très large, ou encore le Kusarigama qui est une faucille associée à une chaîne capable de frapper en zone à bonne distance. Et enfin, les armes à distance : le canon portatif, qui est très longue à charger et à manipuler mais qui fait des dégâts redoutables, l’arc, qui est rapide mais qui fait des dégâts moyens, et l’entre-deux : l’arquebuse.

 

Si le système de moveset est à peu près identique entre les armes (seul le feeling de l’arme est différent), Nioh compense cette rigidité par un système d’ajout de combos et de techniques via un arbre de compétences dédiées à chaque type d’armes. De quoi ajouter une réelle profondeur au système de combat au fur et à mesure de votre progression. À cela s’ajoute également un système d’alternances de postures de combats, au nombre de quatre. La posture haute vous rend très vulnérable mais décuple vos attaque, la basse vous rend très résistant et rapide mais vos dégâts sont faibles, la posture moyenne fait le consensus entre les deux, quant à la quatrième posture, elle vous permet de ranger vos armes dans vos fourreaux, vous empêchant d’attaquer, mais décuplant votre Ki pour fuir ou esquiver. À vous de jongler entre ces postures selon le patern et les caractéristiques de l’adversaire en face de vous pour parvenir à vos fins.

 

Plus de liberté et plus d’opportunités d’appréhension

 

Nous avions parlé précédemment du découpage par niveaux. Cette approche est assez intéressante à la fois pour les développeurs mais également pour le joueur. Chaque mission apporte en effet une opportunité de rejouabilité intéressante pour les plus farmeurs ou pour ceux qui souhaitent se réessayer à une mission. Mais c’est également l’opportunité, par l’absence de connexion directe entre les zones, de varier les paysages et les décors des niveaux sans que cela crée un contraste fort et un manque de cohérence. Ainsi, on naviguera entre un village portuaire assiégé à des temples japonais, à des grottes souterraines, à des montages, à une forteresse de gouverneur. La thématique du Japon féodal est tirée jusqu’à la fin de la ficelle au point parfois de laisser peser une impression d’absence de réelle cohérence globale. Néanmoins, Nioh est loin d’être dirigiste et à couloir car son level design est pensé à une exploration riche pour dévoiler tous les secrets de chaque map pour trouver des raccourcis cachés ou des sanctuaires enfouis introuvables si on n’avait pas tourné les talons sur la ligne droite qui nous est illusoirement dressée. Nous irions même jusqu’à dire qu’il ne faut jamais tracer sa route droite durant le jeu, car c’est le meilleur moyen pour ne découvrir aucun raccourci pour faciliter votre retour au sanctuaire et être bon à vous retaper les 20 minutes de marche que vous veniez de faire. Car les sanctuaires et les raccourcis sont la condition sine qua non à la sûreté de votre progression. Les sanctuaires réinitialisent les ennemis sur la zone mais vous permettent également de dépenser vos Amritas qui font office de points d’expérience pour monter de niveaux. Quant aux raccourcis, ils vous permettent d’avoir accès à certaines zones éloignées du jeu sans avoir à vous retaper les trentaines d’ennemis qui vous attendaient au début.

 

Les missions secondaires sont quant à elles un plus qui vous octroient la possibilité de remplir quelques objectifs annexes dans une nouvelle mission sur une map que vous aviez déjà découverte dans une mission principale, ceci afin d’obtenir des récompenses exclusives ainsi que de mettre à nouveau vos capacités de survie en jeu. À elles seules, elles ajoutent une durée de vie non négligeable au titre et deviennent incontournables pour monter de niveaux quand le niveau exigé pour la prochaine mission principale est largement supérieure à votre niveau actuel.

 

Une optimisation correcte pour la PS4

 

Malgré sa dizaine d’années de développement, Nioh s’en sort avec les honneurs en terme d’optimisation sur les consoles nouvelle génération. Dès le début du jeu, on proposer au joueur de choisir entre trois modes de jeu : action, qui est en 60 FPS stable, et les deux autres qui proposent un 30 FPS et un autre un framerate variable. On ne vous conseillera que trop le mode action qui est agréable à l’œil mais dont la stabilité ne se fait pas sans quelques concessions d’esthétique et de détails. Quant au bestiaire, bien qu’assez large, il manque par instants de variété : certains ennemis ont tendance à inspirer un petit recyclage pas trop discret… Mais cela reste cohérent pour les Yokais puisqu’il n’en existe pas non plus une pléthore et qu’ils respectent très fidèlement l’apparence originale des Yokais des légendes japonaises féodales. Le chara-design des boss est quant à lui très réussi, bien que beaucoup d’entre eux ont du mal à se faire une place face à l’aspect gargantuesque et colossal des boss des Souls.

 

Techniquement, cela dit, Nioh assume un peu les séquelles liées à sa longue période de développement et à ses nombreux travers dans son évolution. Destiné à l’origine pour la PS3, il n’est pas si surprenant que le rendu visuel du titre soit en demi-teinte malgré une direction artistique très réussie. Malgré tout, le détail apporté aux animations et à la modélisation des personnage nous fait oublier ce petit retard graphique qui n’est en soi pas un véritable critère qui pourrait amputer à la qualité générale du titre. En somme, Nioh est une vraie surprise et une réussite indéniable en de nombreux aspects.

En conclusion

/10
Pour
Contre