Pankapu : Le Gardien des Rêves, c’est l’histoire d’un jeu lancé via Kickstarter. Un projet auquel Square Enix Collective a tendu la main en lui octroyant des fonds par le CNC. Puis, ce fut une longue traversée du désert, des années de développement et quelques petits aperçus ici ou là durant différents salons. Suffisamment malins, les petits développeurs ont su attirer notre curiosité en montrant des séquences colorées et dynamiques où action s’épanouit avec plateformer. Un univers chatoyant et attachant au premier abord, plaisant à parcourir durant les premières minutes, avec une histoire enfantine qui nous ramène à l’époque du premier Rayman. Divisé en trois chapitres, le premier qui vient de paraître nous met dans la peau d’un chevalier à la rescousse – non pas d’une princesse – mais d’un monde des rêves. Et c’est là que l’expérience vire, à peu de choses près, au cauchemar. Voici nos explications détaillées.
Pankapu : Le Gardien des Rêves nous place d’emblée, dès la cinématique introductive, dans un univers particulièrement enfantin. Un choix délibéré qui ne plaira pas à tout le monde en raison de son background et de sa narration d’une niaiserie confondante, mielleux à souhait, le tout abordé par une bande-sonore tout droit piochée de l’OST de Debout les Zouzous. Choix délibéré, en effet, car l’introduction nous explique très clairement que l’univers dans lequel on joue est en réalité un conte raconté à une petite fille qui n’arrive pas à s’endormir. Ainsi, le narrateur nous explique que le monde des rêves est envahi par les cauchemars. C’est pourquoi le Dieu des rêves, Ikomi, crée de toutes pièces Pankapu, un chevalier qui va devoir s’assurer de rétablir la paix en chassant les vilaines racailles. Un jeu en 2D où l’on progresse de tableaux en tableaux de manière horizontale, sans grande innovation.
La fable de la Grenouille qui voulait se faire aussi forte qu’un bœuf
Puisque nous parlons de contes, connaissez-vous la fable de la grenouille qui voulait se faire aussi forte qu’un bœuf ? Cette fable est éminemment représentative de Pankapu : Le Gardien des Rêves. D’abord d’un point de vue Gameplay, le titre baigne dans l’archi-classique avec un avatar qui dispose d’une attaque à l’épée, du bouclier, et du saut pendant une bonne partie de l’aventure. Une transformation permettra par la suite de lui conférer le double saut et des petites attaques à distance. Quelques pouvoirs plus puissants permettent de faire quelques ravages quand les ennemis commencent à se faire nombreux. Ces derniers sont gérés par une petite barre de mana qui remonte lorsque vous vous régénérez à des autels placés à des points stratégiques, à l’instar des checkpoints. Rien de bien neuf sous le soleil, vous en conviendrez, d’autant plus que la rigidité des hit-box et des déplacements ont de quoi rappeler les vieux jeux de plateforme comme le tout premier Rayman. Un ensemble qui sent quand même beaucoup la naphtaline.
D’autant plus que les premières séquences du jeu sont éreintantes par leur rythme particulièrement mou : le tout haché par des mini-cinématiques qui n’ont franchement aucun intérêt ni même un semblant d’utilité à la progression du récit, pourtant déjà très limité. En plus de retirer les contrôles au joueur pour pousser une narration niaise et des dialogues quelconques, celles-ci s’avèrent plutôt longuettes et finiront vite par être passées. La difficulté est aux abonnés absents, et les amateurs de challenge pourront immédiatement se tourner vers un autre jeu. Par ailleurs, aucune récompense n’est accordée aux joueurs qui auront pris la peine de défourailler la map et de visiter chacun de ses recoins. Seuls des chemins alternatifs pour rejoindre plus facilement le point de sortie sont trouvables à des endroits convenus (derrière un faux décor, par exemple). Ne vous attendez donc à aucun collectible ou éléments à récupérer qui forceraient la découverte et l’exploration. Vous vous contenterez simplement de marcher en ligne droite.
Un monde des cauchemars
L’expérience se transforme vite en cauchemar, la faute à un level design extrêmement paresseux, qui ne propose rien, n’invente rien, sans aucun enjeu sinon celui de gagner de nouvelles améliorations durant sa progression. Elles-mêmes ont très peu d’intérêt puisque ce même level design ne permet pas de les faire s’épanouir. Le titre hérite en outre de toutes les tares du genre, qu’on ne trouvait cumulées que dans les vieux plateformers d’il y a plus de vingt ans, et qui aujourd’hui ne passent plus. Sans être trop méchants, ce jeu pourrait très facilement se retrouver dans un test du Joueur du Grenier. Pour simple exemple : les éléments qui donnent l’impression être dans le décor, mais n’en sont pas, et vice-versa.
Ajoutons les bugs à outrance, de quoi filer la courante aux esthètes du code. Mixage audio qui déraille ou s’emballe au point de vous faire péter une durite ; un game over pendant une cinématique, ou des bugs de cryptage pendant une rencontre ou un dialogue qui fera freezer votre jeu et vous obliger à vous recoller tout le niveau. Un ensemble de finition aux fraises, d’autant plus que le support PC n’est absolument pas adapté au genre. Les développeurs le disent eux-mêmes : il faut une manette pour jouer à leur jeu. On vous laisse imaginer la catastrophe point de vue maniabilité pour les pauvres âmes en peine qui n’ont pas de manette près d’eux pour tenter ce cauchemar expérimental. C’est pourtant bien dommage, car Pankapu avait de quoi être attachant sur certains points.
En conclusion