Sorti en Avril 2019, Days Gone est connu pour avoir fait sensation à de multiples reprises. Mais malheureusement pas nécessairement comme le studio et Sony l’auraient souhaité. En effet, si la première mise en scène du jeu était mitigée, le réel problème qui s’étendra sur plusieurs mois sera le report de l’œuvre, ainsi que le manque cruel d’infos et de visuels, qui mène habituellement à des échecs commerciaux ou critiques. Désormais trouvable partout, bien que sorti dans une indifférence étrange, que vaut Days Gone, le projet de fin de vie de l’ère PS4 signé Sony et SIE Bend Studio ?

Le héros de Days Gone regarde l'horizon à coté de sa moto

Un air de déjà-vu

Une apocalypse soudaine, des scientifiques mystérieux, des forces militaires qui semblent corrompues, des survivants qui se bagarrent pour le pouvoir, des survivants qui ne savent toujours pas survivre. Voilà en gros ce que réserve l’aventure de Deacon. Biker depuis longtemps, lui et son frère de route vont se retrouver au milieu d’une affaire qui mélangera expérience personnelle et le bien de tous. Si seulement. Days Gone est une œuvre qui rappellera malheureusement beaucoup trop le folklore horrifique et gaming, voir même parfois s’en inspirera un peu trop comme par exemple le héros très inspiré d’un Daryl Dixon ou encore sa relation avec la petite Lisa qui rappellera sans nul doute une jeune Ellie ; pour ne citer que ça. Et tout ça, au détriment d’une identité propre, qui aurait largement contribué au jeu.

Une trop longue épopée

Qu’on se le dise, Sony ne s’est pas privé. Nécessitant au moins une vingtaine d’heures pour être bouclé, Days Gone ne déçoit en aucun cas par sa durée de vie. Mais quantité n’est pas garant de qualité. Et pour cause, le problème majeur de ce jeu est le manque d’intérêt des missions principales, et secondaires. Si au premier abord, Bend Studio semble avoir beaucoup travaillé sur cet univers blasant, maussade et désertique, il n’en est pas de même avec le scénario. Et cela ne cessera jamais de nous être rappelé lors des multiples missions.

D’abord en route vers le nord après la triste disparition de Sarah, la femme du héros, avec Boozer son frère par choix. Ils finiront au milieu d’une guerre d’idéaux qui demandera autant de compromis que de courage. C’est alors que tout va à la fois très vite et très lentement.

Le jeu traduit sa narration par plusieurs troncs principaux qui ne progressent qu’en avançant suffisamment dans chacun. Si à priori il ne s’agit pas d’un problème notable, on remarquera très vite les limites qu’impose ce procédé. Malgré le nombre incalculable de missions, très peu s’avèreront véritablement utiles et beaucoup se résumeront à aller d’un point A à un point B avec pour uniques contraintes quelques ennemis par-ci par-là et les énormes distances à parcourir. Et pour la plus part du temps récupérer un objet quelconque car le boss du camps nous l’aura demandé.

Le monde de Days Gone, superficiel

Autre que le système de mission, Days Gone propose tout un casting réparti par camp et où chacun exposera tôt ou tard son rôle dans l’aventure, pour peu qu’ils en aient un. Car en effet, si le casting est plus ou moins conséquent, on s’aperçoit très vite qu’il n’apportera rien dans l’aventure. Vadrouillant de camps en camps, notre héro va, au cour de son périple, rencontrer de nombreuses personnes différentes mais qui, au final, ne changeront à aucun moment la donne ou n’auront jamais de scènes les mettant en valeur, les renvoyant très souvent, au rang de PNJ.

De Rikki la soldate au comportement parfois pré-pubère à Iron Mike le chef pacifiste vivant dans un monde de bisounours. Le casting montre beaucoup trop prématurément ses limites et surtout son incapacité à prêter main forte au personnage principal, lui même incapable de porter sur ses épaules le jeu dans son entièreté. Deacon, est un survivant aguerri mais plus encore, un héros torturé et toujours hanté par son passé. De ce fait, il faut comprendre qu’il passera la majeure partie de son temps à ressasser de mauvais souvenirs et s’attirer des ennuis, ralentissant considérablement la dynamique.

Dommage dirons nous, car cette faiblesse autant d’esprit que psychologique, combiné à un manque de vivacité et d’audace notable, ne construira jamais Deacon comme étant une âme torturée mais plutôt comme une âme traînée de droite à gauche qui tente à la fois de fuir le combat de sa vie et de trouver de quoi détourner son attention. Jusqu’au twist majeur mais que l’on voit arriver très vite et qui viendra, par extension, anéantir le peu d’atmosphère qui peinait à se construire jusque-là.

(À partir de ce moment, notre terrain de jeu change, et se perd à mettre en scène des conséquences qui n’arriveront jamais. Le gameplay ne bouge à aucun moment, et plus que redondant, on finit par s’ennuyer. Répétitif à souhait, le décor dans lequel on évolue n’avance jamais vraiment d’un poil et se contente de dresser un panorama de vide, de manque de prises de risques jusqu’à la mission butoir décevante dans sa globalité. Mission qui mettra un point, logiquement final à ce récit, dans une sphère morose qui ne laissera s’échapper qu’un sentiment d’insatisfaction et qui vous fera sûrement demander « tout ça pour ça ». À l’issu, nombreuses furent les bonnes idées, nombreuses furent les déceptions.)

Qu’en est-il du gameplay ?

À partir de ce moment, notre terrain de jeu change, et se perd à mettre en scène des conséquences qui n’arriveront jamais. Le gameplay ne bouge à aucun moment, et plus que redondant, on finit par s’ennuyer. Répétitif à souhait, le décor dans lequel on évolue n’avance jamais vraiment d’un poil et se contente de dresser un panorama de vide, de manque de prises de risques jusqu’à la mission butoir décevante dans sa globalité. Mission qui mettra un point, logiquement final à ce récit. Vous vous retrouverez alors dans une sphère morose qui ne laissera s’échapper qu’un sentiment d’insatisfaction et qui vous fera vous demander « tout ça pour ça ? ». En somme, nombreuses furent les bonnes idées, mais toutes aussi nombreuses furent les déceptions.

De plus, il faudra noter que la moto, seule façon de se déplacer rapidement ou d’activer la fonctionnalité du déplacement rapide via la map, s’avèrera être un petit calvaire d’utilisation. Alors qu’on l’obtient dès le début du jeu et sans aucunes améliorations, on s’aperçoit beaucoup trop facilement que la conduite n’a rien d’agréable. Effectivement, entre des directions compliquées à prendre, un réservoir d’essence qui se vide au bout de deux pâtés de maisons, des routes parfois impraticables… (je vous épargne du reste).

La bécane aussi, qui serait presque un personnage à part entière, se révèle être un véritable problème dont on se passera à de très nombreuses reprises. Au final, elle servira surtout de point de sauvegarde ou de moyen de téléportation rapide sur la carte (si vous avez un bidon d’essence plein évidemment) et pour les réels fanas de bike, la moto les occupera quelques heures, juste le temps de faire quelques drifts.

Days Gone, Techniquement au point…

En revanche, on ne pourra pas accuser Sony et/ou Bend Studio ne pas avoir un minimum soigné le visuel de leur jeu. Si on pourra trouver la mise en scène et la direction artistique assez pauvres, on reconnaîtra cependant que techniquement le jeu est propre voir au-delà, ce qui fera au moins un bien fou à la rétine, pour peu que vous soyez correctement équipés, car malheureusement, le jeu est très gourmand.

En conclusion

3.5/10
Pour
  • Graphiquement très beau
  • Les affrontements parfois gores
Contre
  • Scénario en mousse
  • Aucun personnage intéressant
  • Bande-sonore quasi inexistante
  • La moto superficielle
  • Un post-game de flemmard
  • Trop de bugs
  • Beaucoup de ralentissements hors PS4Pro ou télé HD
  • Combats répétitifs
  • Aucunes prises de risques, beaucoup trop convenu

Qu'on se le dise, ça sentait la pas bon à des kilomètres à la ronde. Mais malgré tout, le potentiel prenait le dessus. À l'issu, Days Gone n'est qu'une parodie de toutes les œuvres post-apocalyptique de ces dernières années voir plus, et ne parvient, à aucun moment, à proposer aussi bien quelque chose de neuf à la recette, ou faire aussi bien que les projets dont il s'inspire parfois allègrement.