Déjà dévoilé en 2014, à l’époque où les développeurs essayaient de lui trouver tant bien que mal une petite place sur la plateforme Steam, Fossil Echo voit enfin le jour sur PC, et sur pas moins de trois plateformes de vente différentes. Premier titre de la boîte indépendante d’Awaceb, le jeu propose un parti pris audacieux unissant difficulté, challenge, précision et dessin animé. Un cocktail original s’il en est, et tout autant risqué pour séduire un large public. Mais surtout, cocktail globalement abouti et satisfaisant : et nous allons vous expliquer en quoi.

 

 

Fossil Echo, c’est une longue histoire de développement et de défis que se sont lancés les Bordelais d’Awaceb. Ce jeu d’aventure/plateformes en 2D à la pâte artistique très léchée aura de quoi ravir tous les grands amateurs du genre. On y incarne un jeune garçon qui, à la mort de ses parents tué par le clan de l’araignée, décide de monter au sommet d’une grande tour qui pourrait l’aider à faire son deuil. Aventure onirique et expérimentale, l’ascension de notre héros ne se fera pas sans mal et sera ponctuée de rencontres parfois hostiles, parfois amicales. Un platformer narratif, court et exigeant, avec des graphismes 2D dessinés à la main. Prenant place dans un monde fantastique, le jeu propose une histoire racontée sans mots, pleine d’aventure et de mystère.

 

Un univers onirique assez prenant

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Les développeurs d’Awaceb ont choisir de nous raconter une histoire entièrement visuelle où les fioritures de dialogues, ou de narration écrite, sont exemptes. Entrecoupé seulement de quelques cut-scenes dont l’esthétique pourra nous rappeler les films d’animation de Laguionie, Fossil Echo se contente sans cesse de suggérer et de laisser au joueur la libre circulation de son imagination. Un univers qu’il s’agira de découvrir dans une progression de plus en plus exigeante où chaque déplacement et saut devront être millimétrés pour ne pas mourir. Une aventure aussi exigeante que courte, puisqu’il ne nous aura personnellement suffi que de trois heures et demi en une seule session de jeu pour en voir la fin. S’inspirant des productions de Playdead (Limbo, Inside), avec une accessibilité et un souci du détail moins appliqués, Fossil Echo partage néanmoins beaucoup de similitudes : pas d’interfaces, pas d’indications, pas de futilités. Bref, le joueur est laissé à lui-même, devant découvrir toutes les mécaniques et toute l’histoire du jeu par lui-même.

 

screen05Surprenant et audacieux, le mélange des genres fait bénéficier au jeu des phases de gameplay variées et originales. On passe ainsi de plateforme à infiltration, puis à énigmes, à courses etc. Il n’est jamais possible de pouvoir combattre, frapper ou agir de quelque manière que ce soit à l’égard des ennemis particulièrement létaux que nous serons amenés à croiser. Le jeu prend vite des allures de « Die and Retry » durant la première heure, le temps pour le joueur d’assimiler les patterns des ennemis durant l’infiltration, ainsi que la technicité requise pour les phases de plateforme. À cela sera demandé également au joueur un sens aiguë des réflexes et du sens de l’observation, en particulier sur certains tableaux ou lors des défis facultatifs. En effet, il faudra analyser les points d’appui instables ou mobiles, tout autant à redouter que les gardiens de la tour qui vous réduiront à néant en un simple coup. Autant de prudence par laquelle les nerfs et l’instinct du joueur seront mis à rude épreuve s’il souhaite arriver au bout de cette aventure.

 

Gameplay aussi attachant que frustrant

 

screen02Si en elles-mêmes, les phases d’infiltration restent globalement assez basiques et parfois même assez répétitives dans leurs mécaniques, les phases de plateforme, elles, sont particulièrement exigeantes. Ces dernières préconisent à la fois rapidité, réflexes, et précision au scalpel. Si ces phases sont déjà très difficiles en suivant le parcours principal, il sera proposé aux hardcores gamers des directions optionnelles disponibles à quasiment chaque checkpoint. En plus d’une précision hors pair, il faudra aussi un timing qui se jouera à la centième de seconde près, où la moindre erreur pourra s’avérer fatale. Une expérience de « Die and Retry » poussée à son paroxysme qui tend très vite à transformer le plaisir de jeu en frustration. Attendez-vous, que ce soit un parcours optionnel ou non, à mourir maintes et maintes fois. Il arrivera parfois de passer de très nombreuses minutes à essayer de comprendre comment passer un certain obstacle. Mais la jouissance d’avoir trouvé une solution n’en est que plus savoureuse.

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Hélas, le gameplay ne sera pas non plus votre ami dans la réussite de vos déplacements. L’un des gros défauts relève en effet des animations qui restent à notre goût trop longues pour parvenir à être aussi précis que demandé. On notera notamment un certain décalage entre le moment où l’on appuie sur la touche de saut et le moment où notre héros saute. Frustrant de ce point de vue-ci, ces animations ont tendance à faire pester quand la rapidité est de mise et que tout se joue à un millimètre près. Ce qui d’ailleurs est assez étrange quand on y réfléchit bien, car la logique aurait été d’avoir un personnage qui répond immédiatement aux touches. En l’espèce, ce serait aussi logique que faire un jeu de courses à grande vitesse avec des deux tonnes remorqueurs.

 

Une véritable identité visuelle

 

screen03En ce moment, nous avons l’habitude de trouver des jeux 2D en pixel-arts à la pelle. Ouf, qu’on se rassure, Fossil Echo se démarque aussi de ce point de vue. Dessiné à la main aussi bien pour les animations que pour les décors, le titre d’Awaceb distille à chaque instant des ambiances plurielles et immersives qui nous plongent dans un univers onirique. La direction artistique est indéniablement le plus gros point fort du jeu, renforcée par ailleurs par une bande-son aux petits oignons. Notre progression sera ponctuée de nombreuses séquences animées qui s’intercalent au gameplay. Bien qu’elles soient dans l’ensemble assez courtes, cela a rapidement tendance à rendre le rythme du jeu un peu haché et mécanique quant au déroulement de l’aventure. Evidemment, elles sont toutes au demeurant très soignées et favorisent une ambiance toujours plus prenante.

 

Bref, si l’on aurait aimé que l’expérience de Fossil Echo dure plus longtemps, le titre d’Awaceb se tient déjà très bien en l’état et ne succombe pas à la tentation d’ajouter des heures de trop en étirant les bonnes idées au point d’en devenir lassant. Aussi courte que savoureuse, l’expérience de jeu est particulièrement plaisante grâce, surtout, à une impression d’accomplissement lorsque les crédits apparaissent.



 

En conclusion

6/10
Pour
  • + Aussi accessible qu'exigeant
  • + Une narration soignée
  • + Une ambiance distillée avec soin
  • + La direction artistique
  • + Bande-son impeccable
  • + Dur à en faire pâlir un Dark Souls
  • + Un véritable sentiment d'accomplissement
Contre
  • - Destiné surtout aux hardcores gamers
  • - Très court (2h30-3h)
  • - Avatar pas toujours très réceptif
  • - Quelques problèmes de rythme
  • - Trop inspiré de certaines mécaniques connues
  • - L'infiltration parfois peu concluante

Pour une première production, Awaceb fait fort. Avec un univers aussi attachant que beau à s'en pâmer, revenant aux fondements traditionalistes du dessin animé, Fossil Echo propose une expérience, certes déjà vue (notamment de la part de Playdead), mais efficace. Avec une difficulté qui mettra au défi les hardcores gamers, on ressort de cette expérience comblé d'un sentiment d'avoir gagné en expérience et d'avoir accompli une quête tout autant frustrante que plaisante. Conseillé à un public assez restreint qui n'a pas peur de s'énerver.