Tomb Raider, de son vrai nom Lara Croft, est une œuvre de fiction des plus connues à travers le monde. Reconnue comme étant l’une des plus grandes héroïnes du jeu vidéo, Square Enix à l’époque avait frappé très fort en mettant en scène une jeune aventurière à la quête du plus grand mystère de sa vie : la disparition de sa mère. Après avoir écrit pendant une dizaine d’année toute une épopée de voyage à travers le globe et d’énigmes et légendes en tout genre, son aventure s’était finalement conclue avec l’épisode controversé Underworld en 2008 alors que Lara découvrait Avalon ainsi que le cadavre zombifié de sa maman, de quoi faire doublement pleurer les millions de fans achevant la saga. En 2013 revenait soudainement l’aventurière pour un reboot séquencé en une trilogie et réinventant aussi bien les codes de l’œuvre originale que son background. Square voulait revenir à une aventurière plus moderne et moins mature en matière d’archéologie et de survie afin de nous conter comment elle s’est forgé son image de plus grande aventurière. Mais alors que les épisodes sortent un à un, la qualité des jeux se montrait bien en dessous des jeux originaux…

Un reboot peu inspiré

Recommencée en 2013, la saga Tomb Raider, après un épisode final controversé, revenait pleine d’enthousiasme à l’idée de réinventer le background de l’une des séries phares du jeu vidéo. Tout d’abord conçu comme une sorte de survival-action sombre, voir limite horrifique, le reboot s’est finalement vu transformé en un jeu d’action-aventure saupoudré de séquence rpg en semi-open world. Une recette qui fait plutôt plaisir alors que des saga comme Uncharted ou encore le style open-world se retrouvent en plein essor. Si à l’issu le premier jeu s’avérait plutôt moyen, bien que follement nerveux, il posait néanmoins les premières lignes d’un scénario qui avait tout pour nous passionner une seconde fois. Deux années plus tard sortait sa suite qui, dès le départ montrait qu’il en avait gros dans le ventre et qu’il allait pousser le projet au-delà du premier jeu. Une promesse qui ferait briller les yeux si seulement elle avait été vraie. Bien que follement joli avec une prouesse graphique notamment au niveau des particules, le jeu s’est avéré être bien plus brouillon et vide que son prédécesseur. Une carte moins inspirées puisque quasi identique à la première, une direction artistique limitée à un brouillard enneigé et un scénario dont les ficelles étaient trop faciles et évidentes pour nous passionner. Vient alors le troisième et dernier épisode de ce reboot, supposé mettre un point final au nouvel univers Lara Croft et peut-être dans quelques années revenir une troisième fois. Avec une histoire prête à être conclue et un enjeu de taille puisqu’il mettra en scène le début de l’apocalypse, la production avait toutes les cartes en mains pour se rattraper et nous offrir un final aussi éblouissant qu’explosif.

Malheureusement, le projet s’avère être une nouvelle fois un échec des plus cuisant : il se retrouve être le plus mauvais de la trilogie. Bien que gourmand et ambitieux, le principal défaut du hit est qu’il se prend à mainte reprise les pieds dans les fils. Le jeu est extrêmement court et essaye pourtant de placer de nombreux approfondissements, parfois qui n’ont pas lieu d’être, et ainsi ne jamais réellement s’appliquer sur les points les plus importants. Non par flemmardise certes, mais par obligation. Un jeu pouvant être terminé en 5 heures ne pouvait donc décemment pas raconter toute l’histoire qui devait être racontée.

L’aventure de trop

Effectivement, les sujets qui seront abordés au cours de l’aventure n’ont rien d’ennuyeux. Si ils sont tout à fait légitime de part le nouveau scénario ainsi que de part la figure et le rôle qu’a toujours campé Lara, on reprochera cependant un manque total d’attention portée à ceux-ci. En effet, le jeu est de prime abord très court. Cela laisse trop peu de place déjà à raconter et ce, de manière pertinente, les sujets centraux de cette trilogie. Mais en plus d’aborder ces thèmes autour des relations familiales, la maternité ou encore les responsabilités, l’équipe en charge du projet Shadow eût cru bon de rajouter d’autres sous-thématiques et par dessus-tout, de traiter l’intégralité de celles-ci sur l’entièreté du casting, ne laissant que moins de place aux personnages centraux de l’histoire, pourtant tous déjà creux.

Mais encore, même au-delà de ça, alors qu’on progresse dans un épisode supposé mettre un terme à toutes ces portes encore ouvertes, l’aventure ne nous permettra à aucun moment d’ajouter cette dose d’intérêt qui pourtant est si importante. Le pitch est pour commencer assez rocambolesque et plutôt mal amené puisque l’élément perturbateur arrive comme un cheveux sur la soupe, dans un jeu qui, à première vue, ne fait pas totalement lien avec les deux jeux précédents, si l’on exclu l’éternel ennuyante présence de Jonah. Et alors que notre héroïne déclenche un compte-à-rebours avant la destruction totale de la planète, on peut que difficilement admettre que le jeu se bonifie comme un bon rouge. Au final, ce jeu se conclu en laissant derrière lui un arrière goût amer comme si l’on avait terminé une série trop tôt, alors que pourtant, cette aventure à tout de l’épisode de trop.

Une rivalité qui n’a pas lieu d’être

Si au moins le premier jeu de la saga reboot présentait au une aventure totalement barrée et explosive, on ne peut pas en dire autant de celui-ci, qui présentera à aucun moment un passage aussi nerveux qu’en 2013. Et si ce changement aussi radical semble s’opérer, c’est non sans fondements. À tord l’une des plus grosses saga de notre génération s’est vue accuser de surfer sur l’icône de Lara. Sans besoin de la citer, celle-ci est plutôt en réalité une adaptation d’Indiana Jones, comme Naughty Dog aime le préciser. Et même plus, si une saga surf sur le succès d’une autre c’est les reboot. Qu’on se le dise, Tomb Raider a toujours été une saga de casses-têtes et d’énigmes dans un monde à la fois réel et fantastique. Là où Uncharted a toujours eu l’âme d’un film d’action hautement hollywoodien, chose qui a tenté d’être reproduite avec Lara ces 6 dernières années. Alors que les deux saga sortaient successivement, on pouvait constater qu’un jeu influé totalement sur l’autre, et cela explique la chute de Lara Croft.

D’un côté, les studios ND savaient où mener leur saga pop-corn et ça se ressent quand on voit la cohérence de leurs aventures. En revanche, cette saga de reboot n’aura finalement jamais réussi à s’acheter ou même vendre une identité. Programmée comme une trilogie d’action pure, cette dernière s’est vu nuancée jusqu’à perdre le fil conducteur même de son histoire. En se basant trop sur le succès de l’autre, Lara n’a jamais vraiment pu se forger de scénario à proprement parlé et ne s’est contenté que de la trinité pour donner un minimum d’ordre dans son foutoir. Un peu action, un peu adulte, un open-world, le problème de ce troisième jeu mais aussi globalement de la saga entière c’est qu’elle a plus passé de temps à reproduire ce que les autres faisaient de mieux en espérant satisfaire un maximum de joueurs. Et ce genre de plan, ça ne fonctionne que rarement, comme on peut le constater ici.

Un casting pas du tout à la hauteur

Plus que le scénario ou la cohérence de ce dernier, l’échec se constate aussi de part les personnages, principaux comme secondaires, qui ne bénéficient jamais d’un approfondissement suffisant. Pourtant ambitieux, la réalisation ne prend jamais le risque d’aller jusqu’au bout des enjeux qu’ils ont eux-même glissés dans leur œuvre. Souvent limités à quelques phrases ou quelques larmes, les personnages ne font que rarement part de leur état émotionnel, permettant aux joueurs de se mettre à leur place et/ou de faire part d’empathie envers eux. Lara, grande héroïne pourtant, présentait dans ce jeu tout le background nécessaire pour briller à juste titre et retrouver le charisme d’antan, voir plus. Mais à trop pleurnicher et se plaindre de manière artificielle, Lara ne s’envole jamais et continu de rester une jeune femme toujours dépourvue de la maturité qu’il lui faudrait pour affronter ses vieux comme nouveaux démons, à l’instar des deux derniers jeux. Dommage quand on constate que son changement de doubleuse était là un des artifices utilisés pour marquer enfin son passage à l’âge adulte.

Du côté du décor, Jonah est (encore) de la partie. Si ici aussi son rôle semblait se préciser comme mentor et épaule pour Lara, celui-ci non-plus, ne parvient pas à gagner en intérêt. Quasiment absent tout au long de l’aventure, les rares fois où il daignera se montrer, il s’apparentera plus à un poids pour Lara plutôt qu’un soutient déterminant dans l’aventure. Fricotant avec la localité, risquant de mourir à tout va et sa prise de conscience raté que Lara possède une capacité à foutre sa vie en l’air de manière détournée ; Jonah restera toujours le balourd un peu chiant et vide de tout intérêt durant l’intégralité de l’aventure. Et si encore Square avait daigné s’arrêter là, il est à savoir que les autres personnages (dont on retiendra jamais les prénoms) ne seront jamais mieux. De la mère soulignant ce dont Lara a toujours manqué au grand manitou jugeant le monde impure pour justifier sa destruction ; tous, ne seront à aucun moment comme décisif pour le destin de la jeune femme, et celui de la planète.

D’ailleurs en parlant de méchant, encore une fois, l’équipe aura manqué de créer un antagoniste à la hauteur. Si autrefois on lui pardonnait de pas parvenir à les traiter suffisamment pour les rendre aussi redoutables qu’ils étaient supposés l’être, ici on ne leur pardonnera pas de s’être perdu en créant, sans doute sans le faire exprès, un triangle d’antagonistes qui s’annulent chacun les autres. Si ici l’homme aux commandes est représenté dès les premières minutes, l’entité planant autour de cet univers est et reste la Trinité. Le problème majeur de sa conception est que Shadow n’arrive pas à accorder l’espace et le temps nécessaire à chacun de ses vilains. Si le chef de la Trinité semble être le manipulateur du jeu, il n’est jamais suffisamment à l’écran pour être considéré comme tel mais assez pour faire de l’organisation qu’une ombre ni trop ni assez menaçante. Et comme le studio semble aimer se compliquer la tâche, ils ont, sans l’avoir voulu, du moins il semblerait, fait de Lara sa propre rivale et ennemie. En ayant déclenchée seule l’apocalypse tout en sachant ce qu’il en adviendrait et se refusant par tout les prétextes de se remettre en question, celle-ci vient entacher le travail commencé sur ces autres spectres, les empêchant ainsi d’exister comme ils le devraient.

En conclusion

3.5/10
Pour
  • L'apparence moderne de Lara
Contre
  • Techniquement en dessous de son grand frère
  • Aucune direction artistique
  • L'incohérence de l'univers
  • Bande son inexistante
  • Contenu et rejouabilité superficielle
  • Trop court

À terme, la saga reboot de Lara Croft n'est qu'un projet avorté qui aura tenté pendant 3 jeux et 6 années de surfer, voir rivaliser, sur le succès du nouveau hit d'action made in Sony : Uncharted. Bien que l'idée ne fût pas déplaisante, le problème majeur de cette trilogie est le manque d'une direction artistique cohérente qui aura chaque fois enfoncé ces jeux plus qu'ils ne les aura élevés.