La 8ème génération a cela d’original qu’elle parvient à faire la jonction entre les nouvelles licences novatrices et celles qui, fut un temps, paradaient dans notre ludothèque entre un vinyle de David Bowie et une ardoise magique. Une forme de carrefour des époques où nostalgiques et nouvelles générations se côtoient sans se bouder. C’est pourquoi, entre l’émergence d’un Horizon : Zero Dawn, d’un The Last of Us ou encore d’un The Order 1886, des licences bien plus âgées refont surface comme pour montrer la voie de la sagesse à leurs cadets. C’est le cas de Wipeout Omega Collection, un remaster de remaster, compilant les WipEout HD, WipEout HD Fury et WipEout 2048. Une sortie qui ne peut que nous faire plaisir tant la nervosité et la vitesse de cette licence nous procure des sensations similaires à celles de la Madeleine de Proust. Les détracteurs auront tôt fait de pester au recyclage, mais qu’ils pestent en silence. Nous ne pouvons bouder notre plaisir de remettre les mains dans le cambouis de ces voitures de course futuristes qui ont bercé notre enfance et notre adolescence.

 

Annoncé lors du PlayStation Experience de 2016, cette compilation des meilleurs titres de la licence WipEout n’a pu avoir qu’une résonance singulière dans le cœur de toutes les personnes ayant grandi dans les années 90. Concurrence assumée au F-Zero de Nintendo, la licence de Sony a su avec brio s’émanciper de son modèle pour proposer des jeux uniques pour le plus grand plaisir des joueurs. Qui ne voit pas sa respiration se couper en se remémorant la bande son électro, la direction artistique mature aux couleurs vives et épurées, la vitesse folle à laquelle l’on est projeté à bord de l’un des quelques cinquantaines véhicules de course ? C’est typiquement ce que nous, à Musga, nous avons ressenti de nouveau en replongeant dans cet univers déjanté et nerveux qu’est WipEout. Si cette Omega Collection est un remaster pour PS4 de jeux déjà remasterisés sur PS3 et PS Vita, on ne peut pas non plus affirmer que les développeurs de Psygnosis se soient reposés sur leurs acquis… et leurs lauriers. Bien au contraire, cette compilation est plus qu’un simple jeu, puisqu’elle combine trois jeux en un seul, en plus d’avoir subi un nouveau lifting très soigné et des améliorations de Gameplay. On vous explique tout ci-dessous.

 

 Le F-Zero des gens matures

 

Il serait presque insultant pour nos lecteurs de penser qu’ils ne connaissent pas cette licence à succès qu’est WipEout. Mais déontologie journalistique oblige, il est nécessaire et de bonne convention de faire un tour des présentations. Nous irons donc dans le plus concis : WipEout est une série de jeux de course dans un univers futuriste où il n’est pas considéré comme interdit de détruire les voitures concurrentes pour avoir plus de chance de l’emporter. On y pilote des véhicules lévitant au-dessus du sol et pouvant aller à plusieurs centaines de kilomètres par heure en une poignée de secondes. L’objectif étant autant que faire se peut d’arriver premier à chacune des courses, le jeu se montre cependant plus conciliant. Il s’agira surtout de faire le meilleur score possible et de se placer correctement dans le classement pour pouvoir progresser. De ce point de vue-ci, il n’est pas compliqué de progresser dans l’univers du jeu. Les véhicules que vous débloquerez par la suite vous permettront de revenir sur les premières courses pour rattraper vos retards, bien que ce ne soit pas une nécessité. WipEout propose en effet plus que de simples courses, puisqu’il ponctue ses niveaux par d’autres défis : des courses entièrement « baston », où il s’agira de faire le plus de dégâts possibles à ses concurrents ; des courses contre la montre, ou des courses survie où il s’agira de tenir le plus longtemps sans voir son véhicule réduit en pièces, etc. Les défis sont nombreux et variés, ce qui ne vous forcera pas toujours à simplement montrer vos skills dans une banale course concurrentielle. Les challenges sont nombreux et sauront donner du piment à votre expérience de jeu.

 

Si les connaisseurs seront peu surpris quant au contenu que propose la compilation, les nouveaux venus, eux, en auront plein les yeux et les oreilles. Car WipEout est avant tout un jeu de vitesse aux sensations on ne peut plus grisantes. Tout passe très vite, à une vitesse vertigineuse, dans une explosion de couleurs, d’effets de lumière et de musique électro bien chiadée qui, sans sentir la naphtaline, vous amènera dans les bornes d’arcade des années 90. Mais surtout, WipEout est particulièrement fun et n’a pas perdu une once de sa saveur. Quel plaisir de retrouver ce suspens jusqu’en fin de course, avec la peur qu’un véhicule adverse ne récupère une arme destructrice derrière elle pour inverser le cour des choses. Le titre de Psygnosis conserve toutes ses particularités de gameplay qui ont fait le charme et la qualité principale de ses productions.

 

Une esthétique inégalée et inimitable

 

Tous les amateurs du genre le savent : les jeux de simulation de course sont indémodables. Le concept n’a pas pris une ride. Alors, si la technique suit, le cocktail est parfait. Pas besoin de faire du suspens, WipEout est inégalable et frôle la perfection d’un point de vue technique. L’esthétique du jeu est irréprochable. À tel point qu’il devient difficile d’imaginer que deux des trois titres de la compilation sont nés originellement sur la première console portable de Sony. Chacun des trois opus tourne sans aucun problème en 1080p à 60 images par seconde, sans chute de framerate même lorsque les effets fulminent abondamment à l’écran. Mieux que ça encore : le titre reste à chaque instant lisible, malgré sa vitesse, sa nervosité et son feu d’artifices d’effets. Le joueur ne se perd pas à l’écran en ne sachant plus où il est et dans quel sens il va (ce qui n’était absolument pas le cas pour les jeux F-Zero qui avaient tendance à appuyer la surenchère jusqu’à rendre illisible la situation de jeu). Le seul reproche que l’on pourrait émettre à l’égard de l’esthétique générale du jeu reste l’interface de la plupart des menus, qui, peut-être par volonté de renforcer la nostalgie, ont gardé leur organisation d’antan. Pas forcément un mal, direz-vous. Certes, mais suffisamment pour que les non-initiés s’y perdent ou aient vite tendance à trouver l’ensemble général du HUD assez vieillot. Peut-on vraiment trancher sur ce choix artistique ? Pas vraiment non plus. À nouveau, deux écoles s’affrontent : celles des nostalgiques hard-core qui, par vœux de fidélité aux épisodes de leur enfance, ne veulent rien voir changer ; et celle des nostalgiques « softs » et des nouveaux venus qui se disent que c’est pas si mal de rénover un peu l’interface puisque l’on fait un portage sur une nouvelle génération. Bref, c’est à eux de débattre. Nous, pour n’avoir relevé que ce défaut, ne pouvons que souligner la grande qualité générale de cette compilation.

 

Et le multijoueur, alors ?

 

Evidemment, que serait un WipEout sans la possibilité de pouvoir jauger son skill dans des tournois avec d’autres joueurs du monde entier, ou moins loin, avec son voisin du dessus au moyen de l’écran scindé ? Cela tombe bien, WipEout Omega Collection embarque plusieurs solutions multijoueur. En local, le jeu vous permet facilement de créer un tournoi pour affronter, en écran splitté, un autre joueur. Vous pouvez choisir le jeu, les circuits, la catégorie de véhicules, etc. L’ensemble de meure très complet et l’interface du jeu étant particulièrement sobre, difficile de se perdre entre les différents choix. Notez que nous parlions de tournois, mais il est possible de courir une seule course, si jamais vous n’aviez pas vraiment le temps de faire plus. Et le tout est encore, techniquement parlant, une vraie prouesse : 60 fps stables en écran partagé comme en mode en ligne. Les parties se trouvent très rapidement, et les joueurs que vous aurez à affronter se révèlent plutôt coriaces. Un vrai challenge, en somme.

En conclusion

/10
Pour
Contre