Resident Evil, franchise aux multiples facettes, sortait il y a quelques mois, son septième épisode chiffré. Grand classique et toujours indémodable après de nombreuses suites au premier jeu de 1996, cette saga iconique aura connu en 20 ans un succès critique et commercial parfois contesté. En effet, apparu comme le premier survival-horror type en 1996, Resident Evil s’est vite construit une fanbase qui perdure encore de nos jours, mais loin d’être toujours d’accord avec les choix artistiques entrepris par la maison mère de cette série vidéoludique : Capcom. De son premier jeu à son remake et son spin-off, Resident Evil avait alors conquis le marché du survival-horror pur et dur jusqu’à l’essoufflement de son public qui, dès Resident Evil 3 : Nemesis, devait faire face à une fréquentation des joueurs en baisse massive. C’est alors en 2005 que Capcom sort Resident Evil 4, l’épisode au grand renouveau de la saga, après une première version abandonnée. Finis les caméras fixes et plans claustrophobes, et place à une caméra derrière l’épaule qui suivra dès lors notre héros où qu’il aille ; ce qui divisera pour la première fois ce qui fidélisait alors les premiers fans de la série. Face au gameplay plus libre que celui de ses grands frères, les fans ont vite reproché à Capcom d’avoir transformé leur saga culte en jeu (quasiment) d’action. Cette critique se poursuivra sur les 4 prochains jeux principaux. Après Resident Evil 6, sorti en fin d’année 2012, Capcom a dû faire face à ce qui était sans doute le plus grand conflit au sein de sa fanbase. Malgré les très bonnes notes et reposant à la place du deuxième épisode le mieux vendu de la série, Resident Evil 6 a créé malgré lui une énorme polémique de genre entre les fans ayant toujours comparé la série à un action-horror et les fans le niant. Ce qui amènera Capcom à se poser la question sur l’essence même de leur saga culte. Resident Evil 7 en est l’aboutissement, qui, à lui seul, brisera certains de ces codes jusqu’à présent définis. Mais outre cette remise en question, Resident Evil 7 était prêt à assumer le grand rôle de « retour aux sources » demandé par une partie des fans depuis déjà bien des années. Changeant une grosse partie de sa formule, le résultat est-il pour autant aussi convainquant qu’annoncé ?
Comme initialement annoncé, Resident Evil 7 opère un virage à 180 degrés, aussi bien niveau gameplay que niveau ambiance. Plus intimiste et personnel qu’à l’accoutumé, cet épisode marquant de l’histoire de la saga, vous mettra dans la peau d’Ethan Winters, un homme à la recherche de sa femme mystérieusement disparue il y a 3 ans mais réapparue dans un manoir au beau milieu de marécages en Louisiane. Et quand on parle de se mettre dans la peau du héros, c’est à prendre au sens propre du terme puisque le premier changement de cet épisode s’effectue sur la manière de percevoir notre personnage, c’est à dire que nous sommes lui. En effet le jeu se jouera intégralement à la première personne, au grand désarroi d’une bonne partie des fans, mais pourquoi ? L’un des objectifs principaux de Capcom avec ce jeu était de faire ressentir pour la première fois depuis longtemps de la peur aux joueurs derrière leur écran, et cela passe en premier lieu, en choisissant une vue subjective, soutenue accessoirement pas le casque de réalité virtuelle de Sony. De ce fait, nous pouvons dire adieu le temps de cette aventure aux grands et larges décors et accueillir des lieux restreints et toujours enfermés par quatre murs. Nous sommes alors enfermés à notre tour dans cette sinistre demeure et ayant pour unique point de repère, les yeux d’Ethan. Si ce choix paraît logique d’un point de vue technique et artistique, on s’apercevra très rapidement des limites de ce procédé qui sera de moins en moins efficace alors que nous progressons dans l’aventure. Car si la vue subjective est le premier choix de l’équipe de développement, Capcom, pour se rapprocher du tout premier Resident Evil, a aussi décidé de nous mettre à la charge d’un personnage bien moins dégourdi et survivaliste qu’étaient nos héros d’antan à savoir : Chris, Leon ou même Claire et Jill. De ce fait, il ne nous sera plus possible de nous défendre comme on le souhaite et nous devrons privilégier la fuite ou des parties de cache-cache pour venir à bout des passages d’affrontements. Et toujours dans un élan de nostalgie, la recherche et la résolution des énigmes feront leur grand retour dans ce jeu. Les ennemis ne donnent plus d’items et c’est à nous les joueurs, d’aller les chercher dans chacun des recoins de la maison, y compris dans les endroits les plus improbables possibles. Un pari réussi me direz-vous, eh bien pas tant que ça. Le résultat final est en demi-teinte et pas si convainquant qu’annoncé.
Une ambiance pas tellement au rendez-vous…
L’ambiance et la mise en scène, tout d’abord, dégagées par ce choix de gameplay mais aussi par l’environnement plus sombre que jamais, n’aura jamais l’audace de surprendre. Les codes changent, mais seulement dans les lignes de la saga car finalement, cette vue subjective sera surtout là pour rendre efficace ce système de jumpscare qui nous accompagnera tout au long de l’aventure. Aucune réelle appréhension, toujours une scénette amenée par un ralenti scripté ou quelque chose qui saute violemment au visage du joueur pour le faire sursauter et si évidemment la sensibilité du joueur sera le plus grand facteur d’efficacité ou non, il est tout de même déplorable de limiter l’ambiance d’un jeu horrifique à sa capacité ou pas à faire bondir le joueur manette en main. Les nouveaux, parfois, ferons quelques sauts de leur chaise mais les plus vieux joueurs ou les mieux préparés se lasseront à force de subir les répétitions d’un même script code toutes les 20 minutes de jeu. La mise en scène n’ayant vraisemblablement rien d’extraordinaire, choisit donc la facilité à bien des moments, renforçant alors cet effet de progression très plate où on alternera entre phase de recherche et phase de combat (saupoudrées d’une tentative de jumpscare toutes les trois ou quatre portes). Mais en plus, Capcom, s’étant donc limité à un aspect grandement kitch et très inspiré des grands classiques du cinéma horrifique des années 80, se sera également senti obligé d’intégrer un système de gore et de violence jusqu’ici jamais croisé dans leur série phare. En effet, entre malaise et démembrement à gogo, Resident Evil 7 démarque son côté horrifique par une rare violence dans l’imagerie et la conception de son aventure pour plus que dégoûter les joueurs. Ce choix, pourtant tout à fait légitime, en deviendrait presque grotesque, tant cet acharnement couplé à certaines répliques vire totalement à une comédie gore. Ethan, quasi insensible à son nouvel environnement, commentera donc des situations extrêmes sur un ton bien trop sarcastique et devra tuer des boss au point faible plus que douteux. Du coup, les décors étant classiques et déjà vus auparavant (un manoir, une cabane, les éternels sous-terrains […]) seront dotés que pour nouveauté, des murs sales et un parquet parfois ensanglanté, ne dégageant rien de si terrible ou d’insurmontable.
Un bestiaire et un gameplay au rabais…
Un scénario incomplet qui prend la poussière…
Toujours dans la lancée, Capcom, pour nous servir un jeu plus classique que ses quelques grands frères, aura fait de son « septième » jeu un pitch assez facile. Pourtant en creusant bien (et en finissant le jeu), on peut vite s’apercevoir que l’aventure renfermait bien plus qu’une histoire d’amour gore et simplette. Nous plongeant dans un récit à l’opposé de ce que l’équipe nous avait jusqu’à présent habitué, Capcom manque le coche en visant soit à côté soit à côté. Classique… un peu trop classique, le peu de fond qu’on obtient finalement reste bien en dessous de ce que Capcom avait auparavant écrit, sans pour autant être des chefs-d’œuvre de l’écriture.
La Baker touch…
Marguerite, que l’on voit encore moins que son mari, gagnera en malaise, mais toujours pas en charisme ni même en effroi et se contentera d’être un personnage tout juste étrange au point faible beaucoup trop trash pour être pris au sérieux.
Un véritable retour aux sources au moins ?
Enfin, la question qui va certainement le plus compter étant donné que la publicité de ce jeu repose entièrement sur celle-ci ; s’agit-il réellement du grand retour aux sources tant attendu depuis des années par une petite partie des joueurs ? Encore une fois, dans les grandes lignes. Si de prime abord le décor et cette idée de recherche d’items renvoient directement au tout premier épisode, il s’avère qu’en réalité, tout ceci n’est que clin d’œil plus qu’un réel retour aux sources. Le jeu étant beaucoup plus violent, moins série Z et surtout très différent question gameplay laisse finalement l’impression de jouer à n’importe quel autre jeu qu’à un épisode de Resident Evil, qu’il n’a surtout que de nom. Au final, après avoir fini ce chapitre de la saga dans touts les sens, le manque cruel de rapport et rappel à la licence fait plus office de reboot (même si Capcom nie catégoriquement ce terme) ou tout nouveau jeu que vraie suite à Resident Evil 6 ou Resident Evil : Révélations 2. Au terme de cette aventure, on aura donc surtout le sentiment d’avoir, par extension, terminé une nouvelle saga très inspirée de Resident Evil 1 sans pour autant être un aussi bon jeu ni même un réel épisode de la saga fétiche de Capcom. Pour dire vrai, le seul retour aux sources que Capcom parvient à faire dans cet épisode est de nous faire croire qu’il s’agit d’un grand survival-horror à l’instar du premier Resident Evil, alors qu’il s’agit là d’un autre action-horror comme la saga a toujours fini par être à l’exception de quelques rares épisodes.
En conclusion
- - Le thème "Go Tell Aunt Rhody"
- - La nostalgies du premier Resident Evil
- - Le réalisme des bras d'Ethan
- - Mauvaise réalisation
- - Un scénario décousu
- - Beaucoup trop court et beaucoup trop simple
- - Graphismes et technique très limités
- - Une bande-son inexistante
- - Gameplay paradoxal et vieux
- - Atmosphère absente sans VR
- - Et une VR mal utilisée
- - Inutilement gore
- - Casting intégralement faible
- - Aucune rejouabilité, aucun contenu
- - Hors sujet avec la saga