Pokemon – Un reboot nécessaire ?

MisteRedfield dans Cinéma le 28/03/2018

On pourrait en parler des heures et des heures sans jamais prononcer le titre de cette œuvre tant elle est pour toute une génération l’un des plus grands classiques, aussi bien du jeu vidéo que de l’anime. Pokemon, à l’aube de ses 20 ans, est sans doute l’un des plus grands succès rencontré par Nintendo. D’abord un jeune rpg puis une série, avant d’être devenu un produit avec autant de dérivés que de monstres à attraper, l’évolution de la marque ne s’est jamais vu freiner par la concurrence et semble être encore en 2018 inarrêtable. Pour fêter cet anniversaire et cette mode instoppable à travers le monde tout entier, l’équipe en charge de ce rpg favori avait décidé de nous offrir un reboot du dessin animé phare, et au cinéma cette fois s’il vous plaît. Toujours porté par notre bon « vieux » Sacha Ketchum (encore âgé de 12 ans), le film a pour ambition de reprendre les aventures de notre héro à ses débuts. Si évidemment la production a veillée à nous y offrir des passages cultes de la série, elle a également fait attention à réécrire l’histoire en y ajoutant de nouveaux personnages et surtout… une nouvelle intrigue. Partant d’une bonne idée, le projet est-il pour autant mené à bien ?

Le plus grand dresseur 2.0

Dans cette histoire, Sacha, sur le point de fêter ses 12 années, a toujours pour ambition de devenir le plus grand dresseur pokemon de la planète. Et comme il est coutume dans l’œuvre originale, il se réveille (très) en retard le jour de la distribution du premier pokemon aux enfants de son âge, si bien qu’à son arrivée, il n’en reste plus aucun… sauf un. Et inutile de vous rappeler lequel. Pikachu, encore solitaire, méfiant et surtout in-domestiqué, va donner du fil à retordre à son nouveau compagnon alors qu’il essaye d’en faire son meilleur ami. Alors que comme dans l’anime, tout les deux survivent à une horde de Piafabec, Sacha se voit honoré par la présence d’un dieu pokemon, Ho-oh, lui laissant tomber une de ses fabuleuse plume. Et c’est là que Nintendo change tout.

Les arènes à la trappe

Logiquement, Sacha court non-seulement après les pokemons, mais surtout après les badges d’arènes. En vainquant chacun des 8 maîtres, les dresseurs reçoivent en récompense un badge prouvant leur aptitude au combat et à l’issue des 8, participer à la plus grande compétition de dresseurs jusqu’à combattre le maitre de la ligue et pourquoi pas devenir à leur tour le plus grand dresseur du pays. Si ici il en est toujours question, il est bien de noter que cette partie de l’intrigue ne servira surtout que d’introduction à quelques combats entre dresseurs et nous gâter de mises en scènes électriques et colorées à souhait, joués sur fond de j-pop électronique. Car en effet, le centre de l’histoire réside surtout, voir uniquement, sur la recherche de Ho-oh, à l’origine d’une légende qui semble plus importante pour Sacha que son rêve d’enfant. Si ce choix en lui-même n’entache pas réellement l’origine du pitch puisqu’il s’agit d’un reboot, c’est surtout la pauvreté du récit qui viendra gâcher le visionnage. Car en plus de nous couper nos quelques scènes d’actions au profit d’un road-trip un peu illégitime, il le fait plus mal que bien. Portée par un fond grandement enfantin et niais à souhait, bien loin des morales adultes livrées par les œuvres précédentes, l’aventure, aussi plate que la caractère des nouveaux personnages, ne nous passionnera plus autant que nos premières fois. Et ça nous embête bien, puisqu’on est aurait apprécié pouvoir en dire du bien.

Le bâtard de la famille

Pour en revenir au reboot, il est clair que cela partait d’une bonne intention. Avec la série qui tourne en rond depuis le départ de têtes iconiques comme Pierre ou Ondine voir même Aurore, et des films qui ne veulent plus rien dire et ne prônent que bêtement en boucle le pouvoir de l’amitié et le respect de la faune, cette idée de repartir à zéro s’annonçait comme une belle vague marine venant chasser les algues au bord de l’eau. Malheureusement pour nous, il semble que l’on se soit trompé de vague car en plus de n’en balayer aucune, elle en apporte d’autres. Reproduisant avec quasi exactitude les erreurs des dernières saisons, le film parvient même à porter de nouveaux défauts à la recette, qui certes ne manquera pas pour le coup de saveurs tant il y a des ingrédients, mais qui à coup sûr ne pourra être consommé qu’une seule fois. Tout d’abord, le film ne parvient jamais à introduire ses nouveaux personnages. En plus de n’en rappeler véritablement aucun, chaque nouvelles têtes, qu’elles fassent office d’alliées ou non, ne tirera jamais son épingle du jeu. Uniquement présents pour ne pas laisser un gosse de 12 ans seul dans les bois, tous vous seront certainement oubliés dès l’apparition du générique tant leur rôle ne se limite qu’à respirer auprès de Sacha. Entre le garçon un peu paumé et la fille qui cache un mystère dont on en a rien à faire (sérieux qui se souvient de leur prénom ?) sans oublier le vilain garçon jaloux du pouvoir de l’amitié qu’il ne parvient pas à maîtriser, le cocktail amer qui se dégage de ce casting viendra vous alourdir la langue à chaque gorgée. Mais là où la notion de reboot se verra commentée se trouve au niveau de la réalisation du film en lui-même. Bien que le film opte pour un tout nouveau pitch, il laisse tout de même à certains moment quelques scènes cultes comme la scène de la horde ou encore l’abandon de Salamèche. Si seulement… Le vrai problème du film est qu’il ne parvient à aucun moment à se situer entre le total reboot et les clins d’œils. Après avoir vu le film, vous ressortirez avec une étrange impression de déjà vu, plus que de rafraîchissement. Car en effet, vous ne rêverez pas, le film est surtout un pot-pourri de toutes les scènes iconiques des premières saisons, mais concentrées en une petite heure et-demi de film. Une durée raisonnable pour un anime me direz-vous, sauf qu’il faut se mettre en tête que la totalité des premières saisons se résument à plusieurs heures d’images. De ce fait, en plus de nous ressortir que des hommages aux scènes les plus appréciées du dessin animé, il le fait mal puisque toutes lancées les unes après les autres sans jamais vraiment les retravailler, ni même leur donner une certaine profondeur. Au final, la scène de Salamèche n’a plus le même impact tout comme celle de Papillusion par exemple.

Bonus

Musga se permet de lancer un avis de recherche concernant Jessie et James (et Miaouss), le trio infernal mais quasi absent du film.

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